*Les entretiens du nouveau monde industriel – Organisation du Vivant, Organologie des Savoirs Technodiversité, biodiversité, noodiversité : nouveaux régimes de l’habiter*
📅 15/12/2022
Session 1 : Disruption & soin du vivant
Jeudi 15 décembre – 10h00-12h30
Canguilhem abordait dans sa thèse les infidélités du milieu auxquelles sont confrontés les êtres vivants, en quelque sorte dans leur vie ordinaire. Mais dans l’Anthropocène ces infidélités sont décrites par les scientifiques comme des disruptions : disruptions des écosystèmes par le changement climatique, disruption des régulations hormonales par les perturbateurs endocriniens, disruption de la relation parent-enfant par l’irruption des smartphones et des tablettes, … Cette accumulation plonge le vivant dans la disruption – en étendant ici le concept de Bernard Stiegler au vivant en général – , et la disruption conduit à une extinction de masse pour le vivant non-humain, et au déclin des capacités des vivants humains (fertilité, QI, langage, attention, …) .
Comment prendre soin du vivant dans la disruption ?
Session 2 : Extinction / Diversité
Jeudi 15 décembre – 14h00-16h30
L’analyse phylogénétique du vivant se propose d’ordonner a posteriori dans le temps les apparitions des différents traits partagés entre espèces. Les corps biologiques sont des mosaïques historiques dont les pièces ont été assemblées (ou perdues) de manière contingente, sous les contraintes des environnements passés et en relation avec les autres membres des divers écosystèmes. Nul programme, nulle destinée ne gouverne le déploiement évolutif de la biodiversité. Il en va de même pour le changement des écosystèmes, et pour le développement embryonnaire qui est en lui-même un phénomène évolutif. En particulier, il est primordial de saisir que les espèces qui s’éteignent ne se réduisent pas à quelques chiffres ou à des spécimens figés pour l’éternité au fond de collections muséales. Le phénomène d’extinction se décline par degrés et dans une pluralité de processus « zombies » qui persistent au niveau des dynamiques écologiques et évolutives. Sans oublier que la perspective d’extinction interroge notre rapport à la nature à travers ce que l’on nomme les « extinctions studies » et notre propre angoisse face aux risques d’effondrement sociaux et humains, par rapport à laquelle nous essayerons de réfléchir à l’urgence actuelle et réelle de la crise de la biodiversité.
Table ronde : Présentations artistiques et pédagogiques du programme NEST (projet Archipel des vivants)
Jeudi 15 décembre – 17h00-18h30
Session 3 : Réconciliation du territoire au cœur des milieux vivants
Vendredi 16 décembre – 10h00-12h30
S’extraire du simplisme moderne et industriel pour rassembler les variables et embrasser pleinement la complexité, la subtilité et l’élégance de notre milieu, tel est le défi auquel fait face aujourd’hui le génie humain. L’approche systémique et bio-inspirée apparait désormais comme une révision essentielle de nos références cognitives et imaginaires, fondement d’un nécessaire Nouveau Génie Urbain pour non plus aménager mais bel et bien emménager des espaces de vie durable au sein même du système terrestre et vivant. Aujourd’hui au seuil d’un basculement du système sociotechnique, nous proposons de naviguer à travers les échelles pour saisir ce nouveau paradigme, pour porter un regard critique aux errances du passé, pour observer avec enthousiasme les nouveaux horizons.
Session 4 : Grammatisation et savoirs : modifications de notre rapport à l’environnement et à l’alimentation
Vendredi 16 décembre – 14h00-16h30
La vie technique comme geste d’invention avec les machines chez Simondon repose à la suite de Canguilhem, sur notre capacité à maitriser la normativité des organes vivants et techniques pour pouvoir en prendre soin. Cette condition pharmacologique procède d’une longue histoire des processus de catégorisation et de grammatisation qui fondent les gestes, la parole, les langages, l’écriture et les techniques et par conséquent nos savoirs biologiques, techniques ou sociaux. Dans cette session, inspirée de la pensée (ex-)organologique de Bernard Stiegler, nous examinerons ces processus dans le temps et dans l’espace et comment ils sont aujourd’hui un enjeu pour la capacitation, le développement et la pratique des savoirs liés au vivant, au biologique, et à l’alimentation.
Table ronde : « Bifurquer »
Vendredi 16 décembre – 17h00-18h30
L’appel à « Bifurquer », lancé par des étudiants d’Agro Paris-Tech à leur cérémonie de diplôme, a été suivi par un mouvement plus large d’étudiants et de chercheurs, qui ont appelé à la désertion d’activités absurdes et néfastes pour le vivant. Critiques du greenwashing et du solutionnisme technologique, de nouvelles générations d’ingénieurs et de scientifiques cherchent encore des voies pour faire bifurquer le système techno-économique (c’est-à-dire, industriel), au-delà de leurs seules carrières individuelles. Comment opérer des transformations dynamiques de ce
système, au-delà de la fausse alternative entre désertion et compromission ? Quelle « stratégie des bords » pourrions-nous collectivement envisager, si l’on reprend un concept de Bernard Stiegler : des bords tout à la fois transitionnels, existentiels et inventifs de la macrostructure, capables de la faire bifurquer dans son centre ?
ℹ️ https://enmi-conf.org/wp/enmi22/