Événement scientifique bisannuel depuis 1989, la conférence internationale H2PTM arrive à sa 17ème édition. H2PTM’23 est de retour à Valenciennes, où s’était déjà tenue la conférence H2PTM’01 en 2001 et la conférence H2PTM’17 en 2017. Elle se tiendra les 18, 19 et 20 octobre 2023 à Arenberg Creative Mine, et réunira des chercheurs français et internationaux pour rendre compte des derniers avancements de la recherche et du développement des hypertextes et hypermédias dans des domaines variés.
Fidèle à l’esprit pionnier de ses débuts, H2PTM propose un terrain d’échange fécond entre les recherches issues des sciences de l’information et de la communication, de l’informatique, de la sémiotique, de l’art et des sciences cognitives. Dans la lignée des précédentes éditions, H2PTM’23 poursuit donc la valorisation des recherches sur les hypertextes et les hypermédias. Outre les thèmes récurrents qui constituent la trame des conférences H2PTM – méthodes et modèles de conception, expérimentations, etc. –, cette dix-septième édition propose un éclairage plus approfondi sur la fabrique du sens, ses processus, ses territoires, ses acteurs humains ou non, à l’heure où l’on sait qu’Internet et les réseaux sociaux y contribuent plus que tout autre support, pour le meilleur et parfois pour le pire.
En effet, depuis leur émergence dans le vocabulaire scientifique, les « hypertextes et hypermédias » ont changé de visage. La large diffusion de la pratique des réseaux numériques dans la société a impacté chacun de ses membres. Du professionnel (journaliste, web designer, auteur…) aux citoyens de tous horizons, y compris les plus jeunes et le très grand âge, chacun vit aujourd’hui dans la connexion permanente que permet la multiplication des outils numériques, fixes et nomades. L’accès aux médias et à l’information s’y est vu élargi et transformé. De nouveaux canaux sont apparus à côté des médias traditionnels, lesquels ont tous décliné et élargi leur offre sur les réseaux et plates-formes. En outre, chaque individu connecté émet également des contenus et messages, brouillant ainsi la frontière entre activité professionnelle et participation citoyenne. De fait, les évolutions technologiques et le développement d’outils d’aide à la création, à la publication et à la circulation de l’information pour les professionnels et les amateurs (Web participatif) ouvrent de nouvelles perspectives propices à la fabrication inventive, à la stimulation des imaginaires culturels, sociaux et artistiques, à des usages créatif, ludique, politique et plus généralement à la mise en œuvre de nouvelles formes de communication, de médiations et d’expression individuelle et collective.
Ainsi, la création, l’émergence, la circulation sociale et le débat, consensuel ou contradictoire, autour de contenus partageables, que l’on identifie à la « fabrique du sens », se sont-ils vus bouleversés par l’information numérique.
La redéfinition du partage des rôles entre producteur et consommateur/usager de l’information, la multiplication et la diversification des sources d’information au sein d’un écosystème structuré par les plateformes numériques dominées par les GAFAM font aussi de cet espace un vecteur d’expansion du désordre informationnel. Des contenus scientifiques les plus rigoureux aux contre-vérités les plus flagrantes en passant par les tentatives manipulatoires les plus éhontées, tout semble mis à plat, également accessible et de valeur apparemment semblable. Cependant, la relation à l’information n’est pas seulement prise en étau entre les puissances du faux et la faiblesse du vrai. Sa compréhension exige de mieux saisir les contextes culturels et sociaux où elle se déploie et ce que ces pratiques informationnelles révèlent des dynamiques de fabrique de sens qui traversent l’espace public numérique.
Les défis sociétaux sont majeurs. Souvent perçues comme des menaces, ces évolutions confrontent nos sociétés à des controverses dont les enjeux principaux touchent la régulation des contenus jugés néfastes, la gouvernance des plateformes et la sauvegarde de la liberté d’expression. D’où la volonté de ne pas se limiter à une analyse des ressources et des services, mais la nécessité de chercher en parallèle à mieux circonscrire comment les documents consultés font sens auprès de l’usager, et comment ils font société auprès des groupes. La fabrique du sens peut en outre être envisagée au croisement de plusieurs points de vue : celui du concepteur/designer qui projette une intentionnalité dans sa création, celui du récepteur qui donne sens à ce qu’il consulte et transforme, celui de l’instance de régulation qui tente de circonscrire la production de sens, le tout pris dans l’écheveau des médiations computationnelles placées au cœur des dispositifs numériques.
Divers domaines sont concernés : par exemple, la santé, les politiques publiques, le journalisme d’investigation, l’éducation et la formation, les industries culturelles et créatives, la recherche scientifique, et notamment les SHS. Les techniques computationnelles émergentes, telles que l’intelligence artificielle (IA) et le deep-learning, permettent maintenant de traiter d’énormes masses de données et d’innombrables traces numériques (« big data »). Mais elles affectent simultanément l’ensemble des usages et pratiques du numérique et font ainsi émerger des enjeux cognitifs et sociétaux inédits, reformulant à nouveaux frais les questionnements quant à notre rapport à la technique. Ainsi, à l’opposé de la croyance en un solutionnisme technologique, des discours technocritiques dénoncent, entre autres, les dérives de la quantification de nos sociétés comme base de décision des politiques publiques, la transparence problématique des algorithmes, l’utilisation des données privées à des fins commerciales. Des alternatives voient le jour : des chercheurs défendent un usage raisonné des techniques computationnelles, des artistes s’en emparent pour libérer leur portée ludique, esthétique pour ainsi exprimer une forme de désobéissance numérique créative et émancipatrice. A l’intérieur de ce cadre critique et théorique, cette 17ème édition des journées H2PTM s’ouvre alors aux questions suivantes (liste non exhaustive) :
- Quels sont les apports propres aux SIC sur les problématiques envisagées ?
- Quels sont les processus et les approches d’évaluation de la qualité d’une information ?
- Dans quels cadres d’interprétation – qu’ils soient pratique, esthétique, ludique et politique, s’inscrivent les mécanismes de construction de sens des phénomènes hypermédiatisés ?
- Comment formaliser les processus menant aux construits de sens ?
- Comment les effets de sens entraînent-ils des conséquences sociales, bénéfiques ou dommageables ?
- Comment parvenir à rétablir un écosystème plus équilibré et plus juste ?
- Comment formuler les enjeux et répondre aux défis émergents ?
L’édition 2023 se fixe pour objectif de valoriser les recherches sur la fabrique du sens à l’ère de l’information hypermédiatisée (texte, son, image et vidéo) sous l’angle :
- Épistémologique : cadres théoriques interprétatifs qualitatifs et quantitatifs pertinents pour les SIC, méthodes computationnelles, nouvelles logiques d’archivisation et de patrimonialisation, organisation des connaissances et sémantisation des contenus.
- Culturel : transformations graphiques (webdesign, interfaces 3D…), intermodalité, éthique de la médiation des savoirs, démocratisation de la culture et sciences citoyennes, esthétique de l’information.
- Informationnel : écritures collaboratives et hypermédias, recherche et réception participative de l’information, indexation collaborative, système de recommandation, intelligence artificielle.
- Désinformationnel : rumeur, vol d’identité, trucage, contrefaçon, imitation, manipulation, opacité de systèmes, reconfiguration de l’espace public numérique.
- Social : appropriation et partage de pratiques communicationnelles (publication, échanges en ligne), diffusion des innovations et des formes d’hyper-expérience.
- Technique : outils de collecte (data harvesting), analyse, production et visualisation de données, outils pour les pratiques collaboratives, outils de partage de données, apprentissage automatique, apprentissage profond, interfaces cerveau-ordinateur.
Les travaux attendus pourront se positionner au niveau théorique, méthodologique et empirique selon deux types de sessions en parallèle :
- Conférences scientifiques ;
- Expositions d’œuvres, applications et expérimentations interactives et atelier de démonstrations.
Thématiques
Les thématiques de la conférences (non exhaustives) sont :
Approches théoriques | |
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Applications et usages du multimédia et des hypermédias | |
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Nouvelles écritures, nouveaux langages | |
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Qualité de l’information et maîtrise de la qualité | |
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Désinformation hypermédiatique | |
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Internet et Société | |
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Internet et Innovations technologiques | |
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Langues
Les langues officielles sont le français et l’anglais, pour les articles et les présentations.
Calendrier et dates
Le calendrier pour les contributions scientifiques est le suivant :
19 février 2023 | déclaration d’intérêt :Les auteurs peuvent faire une déclaration d’intérêt (résumé) avant la soumission du texte complet, cette déclaration est recommandée pour permettre au comité de programme de valider l’adéquation de la future proposition aux thématiques de la conférence :
par ici la soumission d’une déclaration : Ouvrir |
16 avril 2023 | date limite de réception des propositions (textes complets) anonymisés pour évaluation en double aveugle. Le texte doit respecter les recommandations indiquées dans la section « Guide à la soumission », en format PDF La soumission du TEXTE COMPLET se fait seulement via la plateforme (Easychair, adresse à copier dans la barre du navigateur) : https://easychair.org/conferences/?conf=h2ptm2023 |
21 mai 2023 | début des notifications (acceptation ou refus) et retour des expertises en double aveugle à tous les auteurs. |
18 juin 2023 | date limite de réception des versions corrigées et définitives |
05 juillet 2023 | date limite obligatoire pour l’inscription d’au moins un intervenant/participant à la conférence |
15 septembre 2023 | date limite du paiement des frais de participation à la conférence pour au moins l’un des auteurs |
18 octobre 2023 | ouverture de la conférence |
20 octobre 2023 | clôture de la conférence |