📢 DNActu • Appel / Numéro
➡️ “Revue « Noésis », numéro 45. Imaginaires techniques : ce que l’image fait au geste”
📅 01/02/23
ℹ️ https://calenda.org/1117519
Si cette publication s’ancre d’abord en philosophie de l’art et de la technique, elle est par son objet même ouverte à l’interdisciplinarité. Son objectif est d’étudier le concept même d’imaginaire, pris entre une aspiration à l’irréalité et un ancrage profond à la matière, afin de comprendre ce qui fait d’un imaginaire plus qu’une simple collection d’images, en partant d’un champ précis : celui des techniques… Il s’agira alors de penser les types de relation existant entre les images, l’imaginaire et les gestes et les efforts techniques, et ce, dans les métiers artisanaux, dans l’apprentissage et le déploiement des pratiques artistiques et dans nos pratiques quotidiennes, particulièrement celles liées aux technologies et aux environnements numériques.
Annonce
Présentation du numéro
Fondée en 1995 par Dominique Janicaud, Noesis est une revue généraliste de philosophie publiée par le Centre de Recherches en Histoire des Idées. Édités en format papier, diffusés notamment chez Vrin, les numéros de la revue sont également accessibles sur OpenEdition deux ans après la date initiale de parution.
Directeur de publication : Sébastien Poinat
Direction du numéro : Thomas Morisset (CRHI – Université Côte d’Azur) & Marie Schiele (Deutsches Forum für Kunstgeschichte, Paris)
Cet appel à contribution prolonge les journées d’études sur le même thème qui se sont tenues les 17 & 18 octobre 2023 à l’Université Côte d’Azur. Si cette publication s’ancre d’abord en philosophie de l’art et de la technique, elle est par son objet même ouverte à l’interdisciplinarité. Ainsi, les contributions venues d’autres disciplines, comme l’histoire de l’art et des techniques, l’anthropologie ou les différentes sciences des arts seront les bienvenues.
Argumentaire
Appartenant à la langue commune et à plus forte raison à la langue scientifique, la notion d’imaginaire semble aller de soi, comme en témoignent les nombreuses publications qui la mobilisent Pérez, 2014. L’imaginaire renverrait alors plus ou moins précisément à un ensemble de représentations symboliques, parfois collectives qu’il s’agirait de d’énumérer et d’ordonner. Mais cet usage descriptif et cumulatif de la notion, bien loin d’en épuiser le sens, tend à prendre le pas sur un usage plus ferme et plus tranché théoriquement, qui jalonne une partie de l’histoire des idées de la seconde moitié du XXe siècle. Introduit par Sartre dans un ouvrage éponyme en 1940, l’imaginaire traduit une réflexion sur le rapport de la conscience à l’irréel, rapport compris comme un mode particulier d’intentionnalité. Contre Sartre, c’est une autre relation de l’image à la vie psychique que Bachelard mobilise dans ses ouvrages sur la matière élémentaire, où il s’agit de penser des mouvements oniriques et des images théoriques à partir de leur matériau. C’est cette conception générative de l’imaginaire que Gilbert Durand reprend à son compte dans les Structures anthropologiques de l’imaginaire en évoquant « le trajet symbolique » des images, entre « pulsion subjective … et les intimations objectives émanant du milieu cosmique et social. » Durand, 1984, p. 38. Mise à mal, notamment par le courant structuraliste, la notion d’imaginaire confrontée à celle de mythologie est âprement discutée par Barthes par exemple comme forme travestie d’idéologie, qui ne saurait faire l’économie d’une critique. Autant de partis-pris théoriques qui esquissent les traits d’une notion riche mais assez insaisissable, polarisée entre des acceptions très distinctes, de la structure et de l’activité mentales à l’élaboration d’une « culture de l’imaginaire », désignant dans les études littéraires, la science-fiction et la fantasy.
S’il n’est pas question de proposer un panorama des différentes conceptions de l’imaginaire, pas plus qu’une généalogie critique, l’objet de cette publication, sans faire fi de considérations terminologiques essentielles pour préciser le propos, se situe davantage autour d’une mise en exercice de la notion, soit l’évaluation de ce qu’elle permet de penser : la formation des images, leur expérience et leurs effets sur la conduite d’une action, sur l’effectuation d’un geste, et de façon réflexive, sur la compréhension des choses.
À cette focalisation heuristique, s’ajoute une focalisation thématique signalée par l’inscription dans un champ particulier, celui de la technique. Ce recentrement sur l’imaginaire technique ou plutôt sur les imaginaires techniques dans leur pluralité, vise à travailler de façon plus rigoureuse le rapport entre geste et image, afin de comprendre comment le registre kinesthésique mobilisé par les efforts techniques participe d’une culture générale de notre sensibilité et de nos facultés de représentation. On souhaite explorer ce rapport de différentes manières :
- En examinant la fonction et l’influence des images mentales ou discursives, racontées, lues sur l’effectuation d’un geste et la gestion de l’effort.
- De façon corollaire, en étudiant le type d’images associées à la technique lui conférant une certaine intelligibilité, une certaine fonction et une certaine valeur dans les textes d’une culture donnée.
L’hypothèse, au stade préliminaire des recherches et qui constitue la raison d’être de cette publication, consiste à mettre en évidence que l’imaginaire ne correspond pas à un synonyme ou à un dérivé de l’imagination, c’est-à-dire à une faculté productrice d’images, mais qu’il renvoie à une qualité de liaison entre les images, susceptible d’élaborer un ensemble cohérent et effectif, modulant un geste, agissant comme une médiation cognitive nécessaire permettant de palier certaines insuffisances de l’expérience.