Le Séminaire « Trace, information, écriture » aura lieu le 24 novembre 2022 en visioconférence. Ce séminaire est organisé par Didier Vaudènedans le cadre du Collège international de philosophie.
Écriture et information
Comment comprendre que ce qu’il est convenu de désigner comme « dématérialisation » dans le contexte des nébuleuses numériques demeure à l’écart de la sphère des idéalités abstraites, même numériques ? En quel sens alors peut-on dire que l’information (au sens de l’informaticien : discrète et non probabiliste) n’est pas une abstraction ? Quel double jeu étrange joue ainsi l’écriture si elle semble convenir aussi bien aux pratiques formelles qu’aux pratiques informationnelles (allusion, par exemple, aux légendaires « 0 » et « 1 ») ?
L’idée d’abstraction emporte avec elle le principe d’un arrachement grâce auquel on imagine recueillir une forme, déliée de toute matérialité, qu’on peut utiliser à la manière d’un invariant, via des traductions et des transformations, comme dans une géométrie ou une topologie. À l’égard de l’écriture, cet arrachement, qui dépossède le tracé des lettres de toute persistance empirique, est en quelque manière compensé par la préservation d’une (relative) invariance de leur forme, invariance qu’on peut alors faire valoir comme une persistance idéale procurant un étayage suffisant pour rendre praticable le principe d’une identité des idéalités, à commencer par celle des lettres.
Mais, depuis la première moitié du XIXe siècle, l’extrême variabilité des supports et des dispositifs de traitement, d’enregistrement et de transmission est incompatible avec l’exigence d’une préservation de l’invariance des formes, donc aussi avec le principe de l’abstraction (en particulier, dans le cas de l’écriture, on ne transmet, sur un fil télégraphique, ni des tracés empiriques, ni des formes invariantes et encore moins des idéalités de lettres). C’est une autre invariance qui est en jeu, plus rudimentaire – c’est-à-dire plus fondamentale – : la quantité d’information. En ce sens, on pourra dire que la « dématérialisation » n’est pas une abstraction, mais une transphénoménalisation. Il s’ensuit toutefois un effet d’indétermination, puisqu’en écartant le principe d’une invariance des formes, on écarte aussi ce qui, dans le tracé des lettres, procure l’appui empirique grâce auquel le principe d’une identité abstraite des idéalités devient praticable. D’où un recours à l’écriture qui fait ainsi retour quand il faut lever cette indétermination.
Informations pratiques
Les séances ont lieu le jeudi de 18h à 20h en visioconférence :
Lien Zoom du séminaire : https://zoom.us/my/didier.vaudene
jeudi 24 novembre 2022 : information et écriture
jeudi 15 décembre 2022 : la verticale d’horizon
Présentation détaillée : https://vaudene.fr/dv/docs/Vaudene_2022_SeminaireCiph_Argument.pdf
Page du séminaire : https://vaudene.fr/ciph/
Page personnelle : https://vaudene.fr/
Site du Ciph : https://www.ciph.org/