Les limites de la croissance de la smart city : espaces et énergies des infrastructures numériques
à L’École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée – Université Paris Est
5 et 6 juin 2019
Portés par la numérisation de l’économie, l’explosion des échanges de données, du cloud et des objets connectés, les infrastructures numériques seront l’un des plus importants postes de consommation électrique du XXIe siècle. Nouvelle étape de l’urbanisme des réseaux, la ville numérique a souvent été analysée en termes d’usages et de pratiques, de services et d’évènements, laissant au deuxième plan la matérialité et l’impact énergétique de ses infrastructures matérielles. En 2008, les industriels et les ingénieurs de Cisco et IBM créent, au moment où la crise financière touchait les États-Unis, un produit infrastructurel global qui n’a depuis cessé de dominer la prospective économique et urbaine : la smart city. Les entreprises privées se sont rapprochées des opérateurs historiques de l’urbain pour s’affairer à rassembler, stocker, trier, analyser les données qui permettraient d’optimiser un modèle technologique hérité, et de contrer les crises – technique, idéologique, climatique et énergétique – qui le frappent. La fascination que suscitent cette urbanité numérique en devenir et son économie reste toutefois oublieuse de sa matérialité. Paradoxalement à l’imaginaire de dématérialisation inscrit dans la tradition de l’utopie cybernétique qui a fait de la smart city une sorte de territoire magique où les flux circulent sans physicalité, rien n’est plus consommateur d’espace et d’énergie que les technologies numériques. Rappelons que le secteur informatique (réseaux, matériels, centres de données) consommait 7% de l’électricité mondiale en 2013, 9% en France. Les prévisions les plus pessimistes atteignent pour 2030 un maximum de 51% pour le secteur informatique dans sa totalité. Mais rien ne prouve que le numérique nous permettra d’économiser de l’énergie. La plupart des études sur ce domaine ne sont pas assez documentées ou sérieuses. Dans une sorte de fuite en avant progressiste, la ville intelligente semble contenir le problème qu’elle prétend résoudre. Le principe d’accroissement exponentiel des données nécessaires à son fonctionnement a pour corollaire une augmentation des besoins en espace et en énergie. L’emprise spatiale et énergétique des infrastructures numériques pose aujourd’hui deux questions. Comment spatialiser, évaluer et mesurer dans les territoires l’impact environnemental des choix techniques numériques au regard de la plus-value sociale attendue ? C’est ensuite l’implantation et l’architecture des infrastructures numériques, en particulier des centres de données ou data centers qui interpellent. Centralisées ou distribuées, marchandes ou collaboratives et citoyennes, quelles formes pour ces infrastructures matérielles et comment mieux les intégrer aux territoires urbains et ruraux ?
Au croisement de l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme, de l’environnement et des technologies, dans un perspective critique, possibiliste et plurielle à la fois rétrospective et prospective, ce colloque ambitionne d’interroger les disciplines de l’aménagement (architecture, ville, territoire) transformées par la condition électrico-numérique. Mobilisant des corpus historique, théorique ou projectuel, trois axes seront privilégiés :
1. Les récitsde la smart city : histoires critiques
2. Forme et échelle des data centers
3. Prospective : de la ville des Big Tech à la ville pair-à-pair
Voir le détail des axes dans le document
Organisation Fanny Lopez, Dr, MCF Eavt, LIAT, fanny.lopez@marnelavallee.archi.fr Cécile Diguet, IAU, LIAT, cecile.diguet@iau-idf.fr
Laurent Lefevre, Dr, INRIA, laurent.lefevre@ens-lyon.fr
Dates
- Propositions attendues pour le 25 février 2019 (français ou anglais)
- Notifications des propositions le 20 mars 2019
- Soumissions des articles le 1er mai 2019 (anglais)
- Retour sur les articles le 1er juin 2019
- Colloque 5 et 6 juin 2019 (français ou anglais)
Conseil scientifique
Olivier Coutard, Directeur de recherche au CNRS, LATTS.
Cécile Diguet, Urbaniste IAU.
Carola Hein, Professeure, Faculté d’Architecture, Delft Technical University.
Orit Halpern, Maitresse de conférence, Concordia University à Montréal.
Laurent Lefevre, Chercheur Inria.
Fanny Lopez, Maitresse de conférence École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée.
Valérie Peugeot, Chercheuse Orange Labs.
Antoine Picon, Professeur, Graduate School of Design, Harvard.
Cécile Méadel, Professeure de sociologie à l’Université Panthéon-Assas.
Raphael Ménard, Président d’Arep. Francois Ménard, Chercheur Plan Urbanisme Construction architecture (PUCA).
Francesca Musiani, Chercheuse à l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC).
Sylvy Jaglin, Professeure, Université Paris-Est Marne-la-Vallée
Dominique Rouillard, Professeure, École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais.
Rosalind Williams, Professeure émérite, Massachusetts Institute of Technology (MIT).